Double-Diplôme au Canada : comment et pourquoi. Le témoignage de Justin en direct de Montréal
Élève de la promotion entrante 2014 de Centrale Marseille, j’ai effectué ma mobilité à l’École Polytechnique de Montréal. Un retour sur une expérience de deux ans qui se poursuit...
Pourquoi un Double-Diplôme au Canada ?
Tout a commencé en 2015. Élève en première année, à Centrale depuis quelques mois, il fallait à tout prix que je m’intéresse à la mobilité internationale afin de planifier mon parcours au sein de l’École par la suite. D’abord, je me décidais sur un format. Car les centraliens ont l’embarras du choix : un semestre en échange, une césure contenant une mobilité à l’étranger, un stage long à l’étranger ou bien encore un double-diplôme. Le choix ne fut pas trivial… à vingt ans il est difficile de savoir précisément ce que l’on désire faire.
Étant impliqué dans le Club Robotique, je me devais d’être présent lorsque notre équipe défendrait les couleurs de l’école à la Coupe de France de Robotique. Je ne pouvais donc pas partir plus tôt dans l’année en échange semestriel afin de veiller sur notre projet. Je voulais également suivre une formation complémentaire. Plus précisément en électronique embarquée et en automatique, deux corps de métiers qui m’ont attiré très tôt. Je me mis donc en quête d’un double-diplôme touchant ces compétences. Grâce à un centralien de la promotion entrante 2013 et aux conseils avisés du personnel des Relations Internationales, je me mis en tête de candidater pour une mobilité au sein de « la Poly », que j’ai obtenu. Ainsi, ma deuxième année s’est achevée et je ne me retrouvais dans l’avion en août 2016.
Une expérience dépaysante
Le Québec. Des mauvaises langues diront que ce dernier ressemble beaucoup à la France car il en partage la langue. D’emblée, une personne qui accueillait les élèves en double-diplômes sur place à Polytechnique nous a dit une phrase résumant bien la situation : « Le Québec, ce n’est pas la France en Amérique du Nord, mais bien l’Amérique du Nord qui parle français ». J’ai pris acte de ce conseil et la cérémonie d’accueil se poursuivit. En sortant, je remarquais une pièce vaste, pourvue d’escalators, dotée de 8000 étudiants et de près de 6 points de restauration. Hormis la langue et certaines équations, rien ne pouvait être comparable à ce que j’avais pu voir à Marseille : en Amérique, tout est plus grand.
Également, on peut noter que certains biens et denrées y sont très rares ou très onéreux alors qu’en France, nous en trouvons très facilement et vice-versa. Par exemple, une baguette sera trouvable mais à un prix faisant bondir tout compatriote, en revanche l’eau potable dans les foyers est une redevance annuelle peu chère et non une vente au mètre cube !
Culturellement, le Québec est également bien différent au niveau des interactions sociales. Ici, une personne qui vous sert pour la première fois à un guichet peut vous demander si vous allez bien. Lui retourner la question est tout à fait naturel. Tutoyer ses profs et leur donner une notation à la fin de leur cours est la norme à Poly tout comme contester des résultats d’examens… Les vacances sont très courtes, mais le fait de quitter le bureau à 4h quelle que soit la situation est monnaie courante. Vous l’aurez compris : vivre une expérience outre-Atlantique est bien plus dépaysant que ce que nous pouvons le penser de prime abord.
Centrale et Poly… deux formations complémentaires
Mais la question existentielle que peuvent se poser les gens désireux d’effectuer un double-diplôme est celle du contenu de la formation d’ingénieur; et plus particulièrement ce qu’elle apporte au Centralien. Il faut savoir qu’un ingénieur ici est forcément spécialisé dans un domaine bien délimité, tandis qu’un Centralien est un excellent généraliste qui a une bonne faculté d’adaptation. Côté apprentissage, il est clair que l’élève arrivant au Québec est favorisé par son aisance à apprendre. Après quelques truchements et quelques erreurs de néophyte, il maîtrisera vite les outils de son domaine. Ce que lui apporte cette expertise est sans équivoque un tremplin vers son emploi : qu’il choisisse l’industrie, le conseil ou la recherche, il sera un expert avec un diplôme reconnu.
Ce diplôme est une Maîtrise et non un diplôme d’ingénieur car le système est différent au Canada. On passe son Baccalauréat (licence) pour être ingénieur d’abord. Mais rassurez-vous le diplôme Centralien n’en est pas moins reconnu, si on en fait la demande, et beaucoup d’anciens des cinq Centrales vivent dans les parages. En effet, la communauté centralienne au Québec est forte d’une centaine de membres, de tous ages et de tous corps de métiers. J’ai eu conscience de cette force en m’investissant dans le réseau Alumni après avoir participé à des évènements sur Montréal. Le groupe est dynamique et de nouvelles têtes y sont évidemment bienvenues. En un mot, n’hésitez pas à prendre l’avion !
A propos de Justin
Justin Cano est délégué de la promotion 2017. En train de terminer sa Maîtrise en Sciences, il sera doctorant fin janvier à Polytechnique Montréal en Robotique Mobile au sein du Département de Génie Électrique. Il a été président de E-Gab (Association de Robotique), de la Fédération Centralienne des Associations Innovantes et vice-président du Fablab Marseille au sein de Centrale Marseille.
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