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Compte-rendu de la conférence "Dernière échéance avant la catastrophe : les municipales de 2020"

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Centrale Transition

19/03/2020

Compte rendu de la table ronde du 4 février 2020, à l’AgroParisTech

Dernière échéance avant la catastrophe : les municipales de 2020

               La table ronde portait sur l’urgence écologique dans le contexte des élections municipales des 15 et 22 mars 2020. Cinq invites étaient présents : 

  1. Emma Biard, Centralienne engagée, actuellement à La Bascule [EB]
  2. Benjamin Develey, adjoint au maire de Reims [BD]
  3. Alexandre Florentin, candidat d’Urgence Écologie à Paris, manager chez Carbone 4 [AF]
  4. Matthieu Orphelin, député de la première circonscription de Maine-et-Loire [MO]
  5. Emmanuelle Wargon, Secrétaire d'État auprès de la ministre de Transition écologique et solidaire [EW]

Claire-Émilie Lecocq (ECL 2010) a animé ces débats. 


1 - Rappel sur les modalités de l’élection et caractéristiques de l’action municipale,
 par Paul Bouzid (ECN 2018, Science Po)

       Les candidats vont être élus, lors d’un scrutin de liste, dans deux conseils : municipal et intercommunal ou communautaire. Ces deux conseils exercent des compétences différentes, ils ont différents pouvoir qui s’articulent ensemble. La liste pour laquelle on choisit de voter défend ses positions politiques dans ces deux instances délibérantes. Ainsi, la répartition des compétences étant hétérogène sur le territoire, elles seront listées indifféremment ici. L’échelon intercommunal peut être intéressant pour prendre des décisions au niveau d’un territoire qui représente souvent un bassin de vie quotidienne. Ce degré d’intervention territoriale est alors souvent pertinent pour les questions de mobilité, de logements, de développement agricole, de déploiement des réseaux numériques, etc. systémiquement liés à la transition écologique ; le sujet du rendez-vous et celui de CentraleTransition.

       La lutte contre le changement climatique et la transition écologique sont liées à des prises de décisions qui concernent l’ensemble du spectre de l’action d’une municipalité ou d’une intercommunalité. Ces collectivités locales ont la charge de l’aménagement de l’espace public (voirie, lieux de rencontres) dont la forme impacte les usages et les modes de déplacement. L’organisation des mobilités est aussi une prérogative locale : le transport collectif, le développement des mobilités douces ou électriques. Ces collectivités prennent aussi des décisions pour la transition énergétique : installation de bornes de recharge, accompagnement ou portage du développement d’infrastructure de production d’énergie renouvelable, financement avec l’Etat de la rénovation thermique des logements. La planification de l’habitat est aussi du même ressort. La ville ou l’intercommunalité, définissent les priorités en termes de typologie et de lieux pour les nouveaux programmes de logements (concernant le locatif social par exemple). C’est aussi le cas, en lien avec le conseil régional, pour l’aménagement du territoire. Une commune peut décider des axes de son développement urbain mais aussi de la préservation de certaines zones : agricoles ou naturelles par exemple. Le déploiement et l’entretien des réseaux : numérique, de télécommunication, d’adduction d’eau potable et d’assainissement, qui relèvent en partie de la commune ou de l’intercommunalité, accompagne ce développement urbain. De plus, la protection de la biodiversité et celle du patrimoine naturel d’un territoire peuvent aussi être au cœur de l’action municipale. Ensuite, même si les grandes lignes et le financement de l’agriculture ne sont pas du ressort local, une ville peut décider d’orienter la consommation alimentaire vers le local. La fourniture directe des cantines scolaires est en ce sens un levier. Cette action est aussi pédagogique, elle concerne les enfants d’une commune qui fréquentent les écoles. La construction et la gestion des bâtiments des écoles publiques ainsi que le fonctionnement des écoles en général représentent d’ailleurs l’un des plus gros postes de dépenses communales.

On peut ajouter a cette liste de compétences l’action sociale, l’accompagnement des politiques de santé (création d’un centre social ou de santé, emploi de médecin) et de solidarité ainsi que la politique culturelle (en ville, dans une médiathèque ou une salle de spectacle), représentent autant de leviers dont les futurs élus de mars 2020 disposeront, afin de conduire une action volontaire vis-à-vis de l’urgence écologique. 

2. L’importance de l'échelon local pour la transition

Il existe plusieurs niveaux d’action pour la transition en France : 

  • Niveau international : e.g. accord de Paris (2016), COP 21
  • Niveau européen : European green deal (vise la neutralité carbone d’ici 2050 et ratifié par le parlement européen le 15 janvier 2020)
  • Niveau national : par exemple la stratégie bas carbone (loi transition énergétique pour la croissance verte), ou le projet de programmations pluriannuelles de l'énergie (PPE)
  • Niveau régional :  politiques d’efficacité énergétiques et de production décentralisée de l’énergie

De tous ces niveaux, le municipal est un de ceux qui a le plus d’impact : “50 à 70% des leviers d’action sur le dérèglement climatique se trouvent dans l'échelle locale” [EB]. “L'échelon local est un des échelons les plus puissants et des plus pertinents. On finit toujours par arriver à cette conclusion là. On sait que ces démarches territoriales sont indispensables” rappelle Emmanuelle Wargon. C’est par ailleurs “le niveau qui permet d'entraîner les populations, et de montrer que la transition a commencé, la rendre plus visible, plus concrète. [...] Ce sont les maires qui ont permis que la République ne mette pas un genou a terre” [MO].

L’importance de cet échelon est traduite par une montée des efforts politiques locaux. Comme le rappelle Benjamin Develey, “il y a, dans le monde en ce moment, une montée très forte des villes en tant que leviers de pouvoir : des mouvements et des réseaux de villes qui s'organisent pour [...] peser. [...] Ces réseaux de villes sont une chance pour l'écologie pour l'environnement et pour faire avancer la cause.”

Enfin, les questions du climat et de l’environnement sont de plus en plus présentes dans les esprits des populations. “C’est la première fois que l'écologie est au coeur des municipales. C’est parce que les citoyens demandent plus d'écologie.” [MO]

Bel exemple de la ville de Mexico, qui s’est lance dans une transformation ambitieuse sous l’impulsion de sa maire, Claudia Sheinbaum scientifique et membre du GIEC : https://cdurable.info/+Mexico-bientot-ville-verte+.html


3. L’urgence de la situation

Tous les invités ont rappelé le caractère critique de la situation et l’importance de coordonner les efforts pour mettre en place des solutions. Nous citerons Emmanuelle Wargon et Alexandre Florentin: 

  • Emmanuelle Wargon : “Il faut qu’on passe au système d'après, dans lequel on produit en respectant les limites de la planète. [...] Ce changement est fondamental. On est à la fin d'un système qui a créé de la richesse à l'échelle française et à l'échelle internationale, mais une richesse qui n'est pas soutenable. Il faut qu'on invente collectivement et vite le système d'après”

“Il faudrait accélérer plus vite cette stratégie [COP21]. C'est une stratégie mondiale. Il faut qu'elle soit réapproprié par tous les acteurs par les états et d'ailleurs aussi par les grandes entreprises qui agissent à l'échelon international.”

  • Alexandre Florentin : “La canicule de 2019, en simplifiant un peu, est liée aux émissions de gaz à effet de serre jusqu'en 1999. Il y a une inertie dans la machine climatique. Il reste cinq mandatures municipales avant 2050. Les projections de Météo-France donnent un potentiel de 55 degrés à Paris d'ici 2050 et du 50 degrés en France dans une dizaine d'années. L'urgence est [...] évidemment dans le fait de réduire nos émissions.”

La France doit utiliser sa place de leader européen pour convaincre les autres pays de s’engager dans la transition. Emmanuelle Wargon illustre ce propos : “Si on n'est pas capable de fermer nos quatre centrales à charbon, même si on n'en a que quatre, ça sera un peu compliqué d'aller expliquer à la Pologne pourquoi il faut qu'elle nous rejoigne et en quoi le changement est possible” [EW]


4. Résumé des positions des invités 

  • Coordination et coherence

Tous les candidats s’accordent sur l’importance de la coordination des efforts. “C’est très bien de planter des arbres, mais ça ne peut pas etre ça, un projet municipal. Ce n’est pas une mesure par ci, une mesure par la. [...] Ce n’est pas “je mets tout sur le vélo et je ne pense pas aux transports en commun” [MO] Pour pas que l'écologie ne reste qu’une stratégie électorale, “il faut que ce soit le coeur du projet de développement de la commune et du territoire”.

  • Gouvernance

Il est important que les responsabilités environnementales ne soient pas séparées des autres fonctions de la mairie. Par exemple, souligne Alexandre Florentin, “ne pas avoir des adjoints au maire à l'environnement ou au plan climat mais avoir cette question là pilotée directement, par exemple, par l'adjoint au maire aux finances. On sait très bien que c’est la répartition du budget qui va traduire les poids relatifs qu'on donne à chacune des actions” [AF]

Importance de la “réappropriation du pouvoir politique, du pouvoir d’agir et de décider des citoyens” [EB]. La Bascule oeuvre pour un modèle de gouvernance “non pyramidal, ou les décisions sont prises de manière partagée par les personnes les plus concernées. On [observe] que ce mode de décision est de plus en plus courant dans les entreprises, et on souhaiterait pousser cela au niveau politique”. Tous les citoyens peuvent s’inscrire sur des listes participatives pour “alimenter le débat des listes et participer à la politique de sa ville” [EB]

  • Logement

“Ne votez pas pour un candidat qui ne prendrait pas l’engagement de rénover tous les bâtiments publics dont il a la responsabilité en 5 ou 10 ans. Sinon ce n’est pas sérieux ! Il y a 170 millions de mètres carrés de bâtiments des collectivités et d’etat qui sont pour la plupart des passoires énergétiques” [MO]. Cet avis est partagé par Benjamin Develey.

  • Mobilité 

Il faut “se soucier des déplacements dans le cadre d’une température qui change fortement” [AF]. Par exemple, il faut plus de pistes cyclables, certes, mais “au dela d’une certaine température, le bitume fond. J’aimerai que la prochaine mandature se soucie de la température à laquelle le matériau qui sera utilisé va fondre, ou pas” [AF]. Le bilan carbone de la ville de Paris, indique Alexandre Florentin, s'élève à ~40 millions de tonnes de CO2 (~25 millions par les habitants de Paris et ~15 millions par les touristes).
Sur la question des principales sources d'émission de CO2 de la ville de Paris, Alexandre Florentin et Benjamin Develey mettent les transports au premier plan. “Un programme où il n'y aurait rien de très engageant et qui serait purement a minima sur la question des mobilités. Ce serait quand même très, très problématique” [BD]
Alexandre Florentin précise cependant que les Parisiens se déplacent pour la plupart en transports en commun au sein de la ville. “Ce qui va faire augmenter le bilan carbone d'une personne qui habite à Paris c'est ses trajets en avion à l'extérieur. Cela n'est pas une question de dont la ville à la maîtrise au premier ordre, mais elle peut toujours décider de pas investir dans tel ou tel réseau de transports pour aller faire un quatrième terminal”


  • Economie

Il faut changer la vision d’une commune “bien gérée”, et que l'économie ne soit pas la préoccupation principale des élus locaux, rappelle Matthieu Orphelin. “Une commune qui etant consideree “bien gérée” etait un ecommune qui croissait sans cesse, faisait des lotissements, et qui attirait beaucoup d’entreprises”. Les maires sont confrontés au dilemme de devoir dynamiser une vision et investir pour l’avenir, tout en répondant aux préoccupations des citoyens pour leur vie quotidienne, et en intégrant l'écologie.
Alexandre Florentin insiste sur l’importance de définir un modèle économique cohérent. Par exemple pour la ville de Paris, comment allons-nous soutenir les acteurs du tourisme afin de diminuer l’empreinte des visiteurs ? Comment faire évoluer les finances publiques, si les revenus liés au tourisme diminuent ?


  • Dechets

La ville de Reims, dans le cadre du réseau Eurocities, a pris des engagements pour reduire les dechets plastique et aller plus loin que les accords de Paris.
 

  • Energie

 Le passage aux énergies renouvelables implique une forte contrainte sur l'échelon local. Notamment, les énergies renouvelables sont plus décentralisées, et il est “difficile de savoir par exemple ou on met les éoliennes, cela relève du territorial” [EW]. M. Develey cité la ville de Reims qui a lancé, avec Séville, un projet commun de requalification énergétique et environnementale complète d’un quartier chacun. Séville a déjà fait cela avec Rome.

  • Education

Les éco-délégués ont été mis en place dans toutes les classes de France par Emmanuelle Wargon et Jean-Michel Blanquer, afin d’encourager les élèves à inventer collectivement ce que peut faire la classe et l'établissement en matière de transition écologique. Un an plus tard, cette initiative a mis en valeur la rapidité à laquelle l’impact d’une action locale peut avoir à une échelle plus grande : ici, les éco-délégués ont fini par avoir un impact à l'échelle du quartier autour des écoles lui-même. “Il existe des écoles qui sont déjà 100% local et bio”, rappelle M. Develey. Il faut arriver à amplifier ce mouvement.



5. La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC)

La Convention Citoyenne pour le Climat, expérience démocratique inédite en France, a pour vocation de donner la parole aux citoyens et citoyennes pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Elle a pour mandat de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale.

Décidée par le Président de la République, elle réunit cent cinquante personnes, toutes tirées au sort ; elle illustre la diversité de la société française.

Ces citoyens s’informent, débattent et préparent des projets de loi sur l’ensemble des questions relatives aux moyens de lutter contre le changement climatique. Les séances plénières sont retransmises sur ce site. 

Le Président de la République s’est engagé à ce que ces propositions législatives et réglementaires soient soumises “sans filtre” soit à référendum, soit au vote du parlement, soit à application réglementaire directe.

  • Quelles sont les opinions de nos invités sur la CCC ? 

E. Wargon rappelle que la Convention Citoyenne pour le climat est une décision du président de la République, suite aux grands débats. Ce n’est pas un nouveau modèle, cependant c’est la première fois qu’on l’applique à un champ aussi large. “La convention travaille sur tout notre modèle de société: se nourrir, se loger, se déplacer, travailler et consommer. C'est extrêmement ambitieux.” [EW] 

La Bascule soutient la Convention depuis son commencement. “c’est un processus démocratique très intéressant car ce sont des citoyens que l’on informe et donc des décisions en conscience de l'urgence climatique.” [EB]

“Il y aura plus d'ambition dans les propositions des citoyens que dans ce qui est fait actuellement par le gouvernement et la majorité. Et donc, il faudra que le gouvernement assume d'aller plus loin et je trouve ça très bien.” [MO]

“Ca va nous amener à trouver collectivement le bon point d'équilibre entre la direction, la vitesse et les outils.” [EW] Si la direction est claire pour tous, la vitesse et les outils restent des points à débattre. Les outils d’une politique publique peuvent être de trois formes:

  • Interdire en posant des normes et restrictions pour les citoyens et/ou pour les entreprises, 
  • Inciter en financement des projets (ce qui implique un apport budgétaire),
  • Sensibiliser et mobiliser en laissant les citoyens prendre des initiatives

La cohérence des propositions élaborées par ces 150 citoyen.ne.s tirés au hasard témoigne, selon Alexandre Florentin, d’un besoin d’information et de formation de nos sphères gouvernantes sur les enjeux autour du réchauffement climatique.“Elles ne comprennent pas complètement l'ampleur de ce sujet et c'est lorsqu’elles commencent à le comprendre qu’il y a un déclic.” [AF]

Chaque proposition a été décidée avec le bien commun pour unique but. Il est en effet important de noter que, contrairement à nos élus dont chaque prise de décision impacte leurs carrières politiques futures, ces citoyen.ne.s n’ont pas de pression sur le résultat à l’issue de cette convention. “[cette réussite en l’absence de pression sur le résultat] m'interroge sur la question de l'éventuel renouvellement des mandats” [AF]


 
Si tous les intervenants s’accordent à dire que cette Convention aura inévitablement une impact positif sur nos politiques publiques, quelques warnings ont cependant été émis.

“Il ne faut pas que ça déresponsabilise les politiques. [...] A chacun ses responsabilités. Les citoyens sont là pour donner les grandes ambitions, les mesures qui sont derrière et non pas les traduire en textes de loi.” [MO]

Benjamin Develey souligne qu’il est important de créer, en parallèle des “conventions, des méthodes vraiment de conviction au sens large, des actions au plus près du terrain qui changent plus directement les comportements et pas seulement les opinions.” [BD]

"Il aurait été utile que tous les députés aient bénéficié de la formation donnée aux participants de la Convention Citoyenne pour le climat pour qu'ils prennent pleine conscience de l'urgence écologique. Aujourd’hui, très peu de politiques sont dans cet état de pleine conscience écologique.'' [MO]

6. Questions du public


  • Quel rôle peuvent, doivent, jouer les ingénieurs dans cette transition ? 

Sur cette question, les positions diffèrent.
D’un côté, Emmanuelle Wargon souligne le besoin que les ingénieurs élaborent des solutions, des alternatives à nos modes de vie pour que la transition écologique se fasse. Mme la Ministre donne quelques exemples de sujets sur lesquels on manque encore de solutions à grande échelle, notamment le stockage de l'énergie, la performance et le démantèlement des éoliennes, l'urbanisation, ou encore la transition agricole.
 Quand à lui, Alexandre Florentin pense que le rôle des ingénieurs est plus dans l’engagement : “Je crois que les solutions, on les a déjà. [..]
 Ces solutions là ne sont pas du tout technologique. Si la majorité se met à changer son point de vue, on peut déjà faire une bonne partie du chemin. Dans un second temps, effectivement, il y a des choses qui vont être beaucoup plus organisationnelles. Et c'est là où je pense que la formation ingénieur est intéressante. C'est parce qu'elle apprend la systémique, à penser les systèmes. Et le sujet que l’on a, c'est un problème de système. [...]. En tant qu’ingénieur, j'ai été formaté pour trouver des solutions. Par contre je n'ai pas été formé pour réfléchir aux bons problèmes. [...] Et si l’on veut aller plus loin il faut changer les règles du jeu économique. D’où cette implication en politique, engagez-vous ! “ [AF]

  • Est-ce que la décroissance est inévitable si l'on veut assumer une limitation du réchauffement climatique? Et si oui comment la vendre aux électeurs?

“C'est vraiment une notion qui par elle même clive terriblement. Je suis plutôt pour une croissance sélective et donc de faire décroître tout ce qui a des impacts environnementaux, sociaux négatifs et de faire croître le reste.” [M.O.]

“Les ingénieurs ont a un rôle à jouer du simple fait que nous savons qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies n'est tout simplement pas possible. Nous savons qu'il y a une corrélation très nette entre la croissance du PIB et les émissions de gaz à effet de serre. Nous savons que les émissions de gaz à effet de serre ça implique le réchauffement climatique que le réchauffement climatique va impliquer des migrations climatiques des pénuries alimentaires et que tout ça ça va nous emmener vers de gros conflits. Nous savons qu'avec la croissance nous nous lançons dans un mur et que nous devions nous devons bifurquer radicalement.” [E.B]

  • Orange doit réaliser des investissements conséquents pour maintenir ses parts de marché notamment avec la 5G. Cette course à la croissance amplifie la consommation et le bilan carbone. La 5G c'est le remplacement de centaines de millions de smartphones mais également l'ajout d'un nombre considérable d'antennes. Alors comment est ce qu'on concilie ses besoins de part de marché de croissance et de gestion de l'entreprise avec une neutralité carbone affichée pour 2040 ?

“Le plan de Engage2025 vient d'être lancé chez Orange et met justement l’ensemble RSE/Environnement la première fois au cœur de leur stratégie. Aujourd'hui, vu l'état de la demande sur les smartphones, l'état de la concurrence sur la 5G, on voit bien qu'il y ait deux tendances complètement contradictoires qui s'affrontent.” [B.D.]

“Il y a une vraie question sur comment concilier la transition énergétique écologique et la transition numérique.” [MO] D’un côté, on assiste à une demande numérique en croissance externe, chaque domaine est concerné: les objets connectés au service de l’agriculture, les maisons/villes connectés, la multiplication d’objets connectés au service de la santé etc. Et d’un autre, un réchauffement climatique toujours plus rapide et une surconsommation des ressources en matières rares et autres matériaux qui composent nos objets connectés. 

“On ne peut pas demander à une entreprise comme Orange de ne pas aller vers la 5G.” [A.F] C’est une entreprise sur un marché mondial, donc il y a une responsabilité politique derrière cette décision de développer la 5G. On a besoin d’une planification, voire d’une réglementation sur cette question. “Il y a besoin d'énormément d'assemblées citoyennes pour savoir ce qu'on estime que la 5G, est-ce que c'est quelque chose dont on a envie dont on a besoin et qui va faire notre bonheur ou bien il faut aller dans une autre direction.” [AF]


7. Conclusion des intervenants

La coopération est indispensable. “Si la Bascule a un message à faire passer ce soir, c’est l’importance de la coopération entre les différents acteurs de la societe pour résoudre ces défis auxquels on est confronté. Les politiques n’y arriveront pas sans les associations, sans les entreprises. Nous avons tous un but commun, qui est de garantir la vie” [EB]. 

C’est justement cet esprit de coopération que CentraleTransition espère insuffler, à son niveau, au sein de l’ensemble des anciens ingénieurs centraliens. 

Pouvoir d’action de chacun. “Nous sommes tous légitimes pour agir plus loin que simplement dans notre quotidien. Nous n’avons pas besoin d’attendre d'être parfaits et irréprochables sur le plan écologique pour agir” [EN]

Et pour finir, une note d’espoir : “Il faut de la cohérence entre l’action, les grands discours, et les moyens qu’on se donne. Ce qui nous sauvera c’est que tout ça rend plus heureux : notre transition, plus sobre, moins consommatrice, plus porteuse de lien entre les gens, nous permettra de vivre mieux et de vivre mieux ensemble. C'est quand même ça qui va nous sauver à la fin.” [MO]

Merci de votre présence lors de cette première table ronde CentraleTransition, de votre participation au travers de questions aux invités, et merci de votre lecture !

L’équipe CentraleTransition
 
(pour cette table ronde : Martin Bohmert (ECP2011), Paul Bouzid (ECN2018), Cora Daoudal (ECN2017),
 Julia Meyer (ECN2018), Claire-
Émilie Lecocq (ECL2018), Julie Prinet (ECN2010))

__________________________________________________________________________________

Le réseau CentraleTransition a pour but de regrouper les anciens des Écoles Centrale, et professionnels non-centraliens, autour d'un objectif commun: former un réseau d'acteurs engagés dans la Transition écologique et solidaire, et désireux de participer au développement de solutions aux enjeux soulevés par le changement climatique, la perte de la biodiversité et des ressources naturelles, et les risques sanitaires et sociaux.
Les missions principales de ce groupe sont de 
rassembler des professionnels issus des Écoles Centrale, les informer sur les enjeux et solutions de la Transition, leur permettre d'échanger et débattre sur des problématiques soulevées par la Transition, et les soutenir dans leur transition personnelle. Les évènements prendront la forme apartisane de conférences, afterworks, débats, ateliers, publications, et tout membre est encouragé à lancer des initiatives et projets au sein du groupe.  

Pour suivre l’activité du groupe : 

  1. LinkedIn : https://www.linkedin.com/groups/8534838/
  2. Facebook : www.facebook.com/CentraleTransition
  3. Formulaire d’inscription : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdF9Xg950tG02w1VZhp_vMp3FLKShtcz7I6RQtKpCWJVcZItA/viewform

Ambassadeurs : 

  • Bretagne, Pays de la Loire, Bordeaux : Aurélie Frémont (aurelie.fremont.ecn@gmail.com)  
  • Lyon : Clément Mauurin (clement.mauuarin@gmail.com)
  • Lille : Janice Moyon (janice.moyon@gmail.com)
  • Strasbourg : Thierry Reiss (reiss.thierry@gmail.com
  • Région Parisienne ou ailleurs en France : Julie Prinet (julie.prinet@gmail.com
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